Les cousins HIVERT-BIRY et la guerre 14-18

1919.

J’ai appris que ton oncle du « château » était mort d’une embolie au cœur. Déjà pendant ma permission, il a eu une forte crise et cette fois il a été emporté pour de bon » écrit de Sarrebourg le samedi 19 avril 1919 Jean Marie PÉTARD dans la lettre à son ami Clément HIVERT 

L’oncle du Château, c’est Pierre HIVERT, que tous à Saint-Julien appelle « le fromager » (réf. épisodes précédent).

A l’occasion de son décès tous les enfants sont réunis afin de rendre un dernier hommage au patriarche…  Il y a là : Louise, la seule fille survivante de la fratrie, mais aussi les cinq garçons Eugène, Auguste, Pierre, Adrien et Edouard ainsi que les deux gendres, Julien Rousseau marié en premières noces à Marie et Alexandre ROYER mariée à Louise.

Les cinq garçons et les deux gendres ont tous été mobilisés durant la guerre et fait exceptionnel ils en sont tous revenus … certes tous blessés ou très fatigués mais vivants, gradés ou récompensés pour leur acte de bravoure, faible compensation au regard des souffrances vécues.

Eugène, l’aîné est né en 1882. Il est jugé bon pour le service au conseil de révision sous le matricule 1641, mais est dispensé du fait qu’il est l’aîné de cette fratrie de 8 enfants. Il est affecté au 64ème régiment d’infanterie en disponibilité. En 1914, à 32 ans, il habite à Nantes, petite rue Emile Souvestre, après avoir logé au 11 rue de la Juiverie. Peut-être vend-il des fromages?  Néanmoins il est mobilisé en septembre 1914 et fera toute la guerre. Bien considéré, il est nommé caporal en septembre 1915, mais il est blessé à l’épaule gauche le 14 février 1916 à Tahure. Il sera cité à l’ordre du régiment: « très bon caporal- 42 mois de présence au front. »

Julien ROUSSEAU, le conjoint de Marie HIVERT décédée avant guerre, sera blessé en 1915 puis réformé en 1916.

Auguste, 28 ans, a quitté le village natal où il était boulanger pour Paris dans le 13ème arrondissement lorsque la guerre éclate. Il est affecté à la troisième compagnie des chemins de fer des campagnes « PO » « Paris Orléans » tout comme Alexandre ROYER, son beau-frère, le mari de Louise HIVERT. 

Compagnie  des  chemins  de fer des  campagnes  PO « Paris Orléans » durant la guerre

Louise et Alexandre se sont mariés en 1910.

Alexandre, originaire de la commune de Plessé, est venu travailler comme charron au village de la Chebuette, à l’issue de son service militaire effectué au 39ème régiment d’infanterie de Rouen en 1908.

En 2011 Alexandre est venu prêter main forte à son beau-père à la fromagerie du Château. C’est là et en cette même année que naîtra leur fille Denise.

En mars 1913, le couple habite avec Auguste Hivert au 60, rue du Château des rentiers à Paris dans le 13ème arrondissement non loin de la gare d’Austerlitz.

Peut être qu’Auguste et Alexandre se sont-ils engagés ensemble dans les chemins de fer du fait que la fromagerie de Pierre était en difficulté, du fait  avec la concurrence avec celle de son beau-frère Louis Cesbron ? (cf chapitre – Pierre et Marie Hivert avec leurs enfants développent la fromagerie du Château)

Pierre HIVERT a 26 ans en 1914. Il est resté au village comme aide à la fromagerie. Sous le matricule 1397, il est affecté comme beaucoup de jeunes de sa région au 64ème régiment d’infanterie et fera toute la guerre. Il est blessé à deux reprises, d’abord par balle  à la main gauche le 27 février 1915 à Beauséjour près de Minaucourt en Champagne, puis  par balle au pied droit le 28 mai 1918 à Bray sur Somme.  Il sera décoré de la croix de guerre « étoile de bronze »pour acte de bravoure avec la mention:  » bon soldat – a fait preuve de beaucoup de courage sous un violent bombardement ennemi- a été blessé au cours du combat ». Il sera nommé caporal en 1919.

Adrien HIVERT a 22 ans en 1914, comme son cousin Auguste du Port Egaud. Entre sa classe de mobilisation en 1912 et 1919 à la sortie de la guerre c’est 7 ans d’armée qu’il connaîtra pour finir affecté lui aussi en 1919 à la 4ème section de chemin de fer. Il est d’abord affecté à l’artillerie et devient maître pointeur en février 1916. Il est blessé au bras droit par éclat d’obus le 9 avril 1917 au chemin des Dames à Pontavert  (Aisne). Alors que son conscrit et cousin Auguste sera fait prisonnier sur le même site le 15 avril 1917. Adrien sera aussi cité à deux reprises  pour sang-froid et courage remarquable au combat  les  25 juin 1917et 9 août1918, et donc distingué par la croix de guerre « étoile de bronze ».

Edouard HIVERT, le plus jeune de la fratrie, est mobilisé en 1915 à 19 ans. D’abord affecté en 1915 à une section d’infirmiers, puis de brancardiers, il rejoint les chasseurs à pied du 13ème bataillon alpin en 1917. Il a lui aussi bénéficié d’une décoration « croix de guerre étoile d’argent » pour acte de bravoure le 4 novembre 1918 lors de la bataille finale de la Sambre:  » a fait preuve pendant le passage du canal de la Sambre d’un courage, d’un calme et d’une audace remarquable malgré les feux violents de mitrailleuses – a coopéré au succès d’une opération très difficile ».

Leur voisin et  cousin  Clément Ménard, le fils de Marie HIVERT-MENARD du Gué au voyer, n’aura pas la même chance. Musicien à l’harmonie,  il décédera sur le front lors du combat  de QUENNEVIERES, dans l’Oise le 14 juin 1915, comme d’ailleurs  6  autres jeunes Concellois  du 64ème Régiment d’infanterie : Jean-Marie BATARD,  Augustin BOUYER, Auguste GOGUET, Julien LALLIER, Jean-Marie POUPONNEAU et Eugène SABLEREAU !  Cette bataille de Quennevières  aura fait en quelques jours plus de dix mille victimes côté français et quatre mille côté allemand (morts, blessés et disparus) pour un gain d’environ 1200 mètres de front sur une profondeur de 100 à 600 mètres enlevés par les Français.

Pas la même chance non plus chez les cousins de la Robinière, les petits-fils de Joseph HIVERT, frère aîné de Pierre et fils de Noël. Seuls Pierre, l’aîné et Francis, grand ami d’Auguste du Port Egaud survivront à cette guerre.  Alexandre-Joseph est  disparu à 25 ans à  Prosnes sur le front de la Marne le  14 septembre 1914 tandis que son frère Auguste-Joseph fut tué lors de la bataille des Éparges le  3 mai 1915 : il avait 29 ans et avait été exempté en 1908 pour faiblesse générale !


Cent ans après

Le  11 novembre 2018, les élèves des écoles primaires ont inscrit sur les trottoirs de la mairie et de la bibliothèque de Saint-Julien l’ensemble des noms des soldats morts à la guerre.

Le 12 août 2020, afin de commémorer notre ancêtre Pierre HIVERT, nous nous sommes rendus à Pornic pour visiter l’usine du curé Nantais.

Après le décès de Pierre en 1919, la famille HIVERT du Château a perpétué la tradition fromagère de père en filles pendant quatre générations. Nous y reviendrons.

Après avoir connu son heure de gloire et son lot de médailles de concours, les volumes fabriqués ont fortement diminué pendant les années 80.

En 1987, la famille Hivert-Royer cède la marque à Georges PAROLA, commerçant crémier de Pornic. Au début des années 1990, le Curé Nantais retrouve de sa popularité et le volume de production est multiplié par dix, pour atteindre 150 tonnes en 2008.

Aujourd’hui l’usine est la propriété du groupe laitier TRIBALLAT-NOYAL.

L’histoire à feuilleter

https://www.curenantais.com/fr/histoire-du-fromage-du-cure-nantais-page-1

Merci à Dany, arrière petite fille de Pierre HIVERT, pour les photos de la famille HIVERT-BIRY

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