Vendredi 6 mars 2020
Arrivés sur place hier soir, ce matin, nous sommes à Bergues (Nord). Après nous être rendus hier sur les lieux de la bataille de la Somme, nous avons prolongé notre périple pour nous rendre sur les lieux de la bataille de Belgique à laquelle Auguste a participé à 2 reprises. A chaque fois il sera évacué sur blessure : en octobre 1914, puis de mars à Juin 1915.

1ère partie : du 26 septembre au 27 octobre 1914: Bataille de Belgique – Zonnebeke – Ypres- blessure – puis St Malo
Octobre 1914 : Après la Bataille de la Marne, la compagnie d’Auguste est envoyée en Belgique le 24 octobre 1914, près d’Ypres où les Anglais sont déjà présents également pour contenir l’avancée de l’armée allemande
Il raconte, dans un extrait de son journal « Récit d’un rescapé », les circonstances de sa blessure du 27 octobre.




A Zonnebeke, commune de Flandre néerlandophone, il y a peu d’indications mémorielles de cette période de l’automne 1914, mais plutôt sur celle de 1917 où de nombreuses troupes britanniques ont été engagées. En témoigne le très beau Parc–jardin du Souvenir de Zonnebeke qui rend hommage aux soldats tombés sur le sol de la Flandre, quelles que soient leurs nationalités : britannique, belge, allemande, canadienne, française, mais aussi australienne, néo-zélandaise et même mahorie. Une belle création artistique…




Soigné par les dames de la « Croix Rouge » à Bergues, il envoie dès le 30 et 31 octobre des lettres rassurantes à ses parents et à son petit frère Clément.

Il rejoint ensuite Dunkerque sur le « Ceylan » jusqu’à Cherbourg le 3 novembre pour se rendre ensuite par le train jusqu’à St Malo le lendemain.

Auguste sera pris en charge par l’hôpital auxiliaire implanté au sein du Casino de cette même ville. De là il enverra à sa famille, ses parents Pierre et Clément presque une lettre par jour. De même Auguste et Marie, ses parents lui transmettront, un courrier tous les jours, Pierre et Clément feront de même mais moins régulièrement.

Au fil des jours, après avoir décrit les circonstances de sa blessure, Auguste affirme le 10 novembre qu’« il n’a jamais été aussi heureux matériellement de toute sa vie ». Le dimanche 15 novembre, jour de la fête belge, il raconte : « après la messe de 10h, nous allons au réfectoire, il est décoré de guirlandes tricolores et de drapeaux belges ainsi que des portraits du roi Albert et du maréchal Foch et du général Joffre. Voici le menu, vol au vent, volaille, confitures, vin rouge, pâtisseries, champagne, café, cigare … »

Auguste n’est guère dupe sur la durée du conflit comme il l’écrit le 17 novembre 1914 : « Je ne croyais pas que la puissance militaire de l’Allemagne serait si dure à briser… Sur toute la ligne les positions se maintiennent à peu près… Tout cela nous promet encore d’assez tristes jours. Il va rester dans les campagnes que les femmes, les enfants et les vieillards. Cette guerre d’usure lasse tout le monde et sera un désastre aussi bien pour les vainqueurs que les vaincus ! ».

Le 12 décembre, il raconte à ses parents, sa vie et son ennui…

La visite médicale du 14 décembre indique que sa blessure est en bonne voie de guérison.

Le 26 décembre, malgré une soirée de Noël loin des siens il décrit l’ambiance suivante…


Le lundi 11 janvier 1915, Auguste envoie sa dernière lettre de St Malo. Il signale que le médecin lui a donné un bon de sortie pour le jeudi 14…
2ème partie : du 23 mars 1915 au 17 juin 1915 : Bataille de Belgique – Yperlée puis Laval (Blessure)
Auguste débute son 2ème carnet le 27 mars 1915 à Rexpoëde, à 4km de la frontière belge, à 28 km d’Ypres. Après plusieurs semaines de convalescence, il a dû reprendre du service ! Il a quitté son dépôt de Cholet le 23 pour rejoindre en train Bergues via Tours, Orléans, Etampes, Noisy Le Sec, Creil, Amiens et Dunkerque. Puis commence le voyage à pied vers les tranchées d’Houtkerque avec le 135ème RI. Il est frappé de l’aspect des fermes de cette région au pays plat, bien différentes de celles de sa région natale. Il est logé dans ces fermes et au Cabaret du nouveau Hoffland. Il repart « on ne se croirait pas à la guerre, tout le monde chante et rit, écrit-il ». Il est déjà très fatigué, mais « ce pays flamand me plaît », écrit-il au cabaret de la Botte de lin à Zegers-Cappel. Il se plaint de la vie militaire entre marches et exercices, semble fuir les quelques réjouissances organisées et préfère de loin la lecture, son seul centre d’intérêt avec la découverte d’une région qui le séduit. Il regrette cependant que le vin y soit beaucoup plus cher que la bière !

Le 6 avril sa compagnie quitte son cantonnement pour repartir dans une longue marche vers Galametz puis Bouquemaison qu’il atteint le 13 avril. L’épuisement l’invite néanmoins à méditer sur son sort.


Mais ce qui l’inquiète encore plus, c’est l’état de santé de son frère Pierre qui, au Portégaud, est annoncé mourant, victime d’une pneumonie, puis finalement se rétablit.
Voici les lettres envoyés par ses parents Marie et Auguste les 8 et 9 avril 2015.





Le 24 avril, il est à Avesnes Le Comte au terme d’une marche de 100 km.

Marche d’exercice, puisque dès le lendemain il quitte brusquement Avesnes pour revenir sur ses pas et rejoindre Krumbeke au nord de Poperinge (Belgique) en autobus.

Il ne sait pas où il est conduit, mais le 26 avril il se trouve en tranchée de 2ème ligne afin de contrer une percée allemande près du ruisseau de l’Yperlée au nord d’Ypres en Belgique. Les combats sont terribles….
Le 3 mai il est blessé par un éclat d’obus au bras droit et immédiatement évacué vers Dunkerque puis l’hôpital de Laval. Il y relate ainsi les circonstances de sa blessure :













Même si « ça ne vaut pas St Malo », il apprécie ce repos forcé jusqu’au 17 juin où il rejoint son village du Portégaud pour 1 mois de convalescence.
Nous suivons le chemin parcouru par Auguste sur les petites routes du Pays de Flandre occidentale bien inondé.



Nous arrivons sans peine à retrouver l’emplacement des combats près du ruisseau de l’Yperlée.


A noter que c’est bien lors de cette bataille du 22 avril 1915 que les Allemands utilisèrent pour la première fois et à grande échelle les obus chimiques au chlore qui firent de nombreuses victimes.


Nous en profitons pour visiter la région, Ypres et Bergues notamment.




