Troisième jour

Mercredi 4 mars 2020.

Ce matin, nous sommes à Haudainville au Sud-Est de Verdun. Nous surplombons la plaine de la Meuse et sa vaste étendue d’eau en cette saison et le canal au premier plan.

Du 12 décembre 1915 au 29 mai 1916 : Verdun.

Après avoir participé à la première offensive de Champagne au second semestre 1915, Auguste arrive à Nant Le Petit le 12 décembre sous la neige après 100 km de marche. Il y reste au repos jusqu’au dimanche 17 janvier 1916.Puis il repart vers le camp de Mailly qu’il connaît déjà.

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Au camp de Mailly
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Le 3 février, il repart à nouveau en direction de l’est vers Pierrefitte qu’il atteint le 14 février.

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En fait en ce début d’année, le commandement français privilégie une attaque dans la Somme. Le général Joffre y concentre ses moyens. Imprudemment il fait retirer les puissants canons des forts qui entourent Verdun, considérée comme une place forte séculaire que les Allemands n’oseront pas attaquer. Erreur, c’est justement là que les Allemands veulent en secret porter leur offensive. C’est sans doute le mouvement de leurs troupes qui alerte alors le commandement français.

Le 44ème régiment quitte Pierrefitte le 15 février pour aller en autos à Damloup. Le secteur est calme, écrit Auguste en réserve arrière. Mais pas pour longtemps : la bataille de Verdun est déclenchée par les Allemands le 21 février. Quarante batteries de 800 canons déversent un déluge de feu sur un front de 15 km. 80 000 obus tombent en 24h, soit un obus toutes les 3 secondes ! D’un instant à l’autre, il s’attend à aller en lignes avant. C’est le cas le 24 février. Jusqu’au 3 mars il subit bombardements, boue, creusement de tranchées, pieds gelés dans le secteur de Bezonvaux. Il s’en tire miraculeusement.

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Le 3 mars il revient à l’arrière et passe la nuit dans une péniche amarrée à un canal adjacent de la Meuse à Haudainville.

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Péniche sur la Meuse

Collection F. RADET

Pure coïncidence, nous sommes nous aussi arrivés le mardi 3 mars au soir à Haudainville, 104 ans plus tard, jour pour jour.

Le canal aujourd’hui

Nous nous apprêtons ce mercredi 4 mars à visiter le site de Verdun.

Auguste continue son trajet vers l’arrière cette fois-ci principalement en camion militaire jusqu’à Rembercourt. Mais les marches reprennent ensuite jusqu’à Trondes qu’il atteint le 16 mars. « Je trouve honteux de nous faire ainsi marcher », écrit-il, fatigué.

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Après une semaine de repos, il rejoint Raulecourt à une douzaine de km des lignes. Il remonte le 9 avril pour arriver le lendemain à la caserne Bévaux, rue Jules Ferry, à Verdun.

Il est à nouveau en tranchée à Damloup le 14 avril jusqu’au 25. Il est exténué et le raconte.

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La caserne Bevaux est devenue aujourd’hui le lycée Alain Fournier.

D’Haudainville nous prenons la direction de Damloup puis des premières lignes près de Bezonvaux, aujourd’hui village détruit.

Puis nous nous rendons à l’ossuaire de Douaumont et nous prenons le temps de visiter le mémorial de Verdun dont la muséographie est très riche.

Le 27 avril, son régiment est relevé et revient à Belrupt, puis à nouveau à Haudainville où le dimanche 30 avril il « assiste à la messe dans une péniche ». Mais entre temps il a écopé de 8 jours de prison « pour avoir perdu ses souliers » ! puis encore 7 jours pour « fusil sale » !

Il écrit : « Les 1er , 2 et 3 mai, nous restons dans les péniches, on rassemble à part les punis de prison à qui on supprime le vin et dessert, ce qui est très dur, car la population civile est évacuée et l’on ne peut rien acheter ».

Il rejoint Sermaize les Bains en auto où il termine sa punition et espère une prochaine permission.

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Il prend connaissance des nouvelles du pays et livre ses réflexions sur la guerre. Il en profite pour lire, notamment l’Etoile, un journal hebdomadaire de la Ligue de la Jeune République éditée par d’anciens démocrates du Sillon. Mais il est plus pessimiste …..et il est en proie aux poux.

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Ce qu’il écrit sur la démocratie il y a plus d’un siècle peut apparaître aujourd’hui d’une étonnante actualité !

Quant à nous, après avoir visité le mémorial nous décidons d’aller à une vingtaine de kilomètres au sud de Verdun sur le site de la crête des Eparges. Sa visite nous a été conseillée par des amis de Verdun, Hubert et Christine, qui nous ont reçus hier soir.

Ce site très stratégique du front domine la plaine de Woëvre et a été le théâtre de violents combats d’artillerie dont on voit encore les traces aujourd’hui.

C’est aussi là que des écrivains célèbres de l’époque ont combattu : Alain Fournier, tué en septembre 1914 et dont le corps n’a été retrouvé qu’en 1991, Louis Pergaud, tué en avril 1915 dont le corps n’a jamais été retrouvé et Maurice Genevoix, blessé en avril 1915 et auteur de « Ceux de 14 ».

Le 16 mai, sa punition de prison est terminée et le dimanche 21 mai, il embarque à Revigny pour rejoindre le rupt de Bâmont sur les flancs de la montagne vosgienne.

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Le 29 il part enfin en permission et rejoint le Portégaud le 2 juin 1916, après plus de 8 mois passés au front. Il y termine l’écriture de son 3ème carnet

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