1ère épisode, Malestroit

JANVIER 1940

Mardi 2 janvier 1940.

Il fait très froid ce jour là et le thermomètre ne dépasse pas 0°. Clément, qui vient de fêter ses 40 ans le 14 décembre, monte à pied  de la Guilbaudière vers le Taillis pour rejoindre le train du Petit Anjou. Il passe à travers les vignes qu »il a commencé à tailler et rejoint la petite gare pour embarquer vers Nantes. Il songe à sa journée de la veille où il a dû faire son paquetage. Comme chaque année, il a quand même pris le temps de se rendre au Portégaud pour la « veillée » de la nouvelle année. Comme chaque année aussi, il a tapé le carton en jouant à la coinchée (ou manille) arrosée de quelques verres du muscadet de l’année. Pour oublier un peu son cafard du départ….

Il est onze heures environ et le ciel est bas et gris. Il s’apprête à rejoindre son centre de mobilisation à Malestroit en Bretagne avec d’autres Concellois comme lui réservistes rappelés sous les drapeaux. Sur le quai de la gare, il y a son conscrit Joseph Sautejeau de Cahérault  lui aussi de la classe 19 (né en 1899), mais aussi Eugène Charpentier de l’Anglesort, de la classe 25.

Auguste

Le train du Petit Anjou le mène à Nantes d’où il repart à 14h30 en direction de Redon, puis de Questembert où il arrive à 17h, soit une moyenne de moins de 40 km/h. Puis il rejoint le Château de la Morlaye à quelques kilomètres de Malestroit avec une centaine d’autres réservistes affectés au  11ème Centre Opérationnel d’Artillerie Hippomobile.

Il débute une correspondance régulière avec sa famille: Gabrielle, sa femme et Auguste, son fils alors âgé de 10 ans qui fréquente l’école communale placée sous la direction de Théophile Bretonnière qui, en retraite, a repris du service.

Dans ses lettres, Clément s’enquiert d’ailleurs de ses résultats scolaires, tout en mettant en doute les compétences de l’institutrice remplaçante. Limites réelles ou misogynie?…l’interrogation reste entière. On y découvre aussi qu’Auguste est abonné au journal « Cœurs vaillants » dans lequel il suit les Aventures de Tintin et Milou et de Jim Boum.

Clément prend des nouvelles de la marche de l’exploitation mais s’il est inquiet, ne veut pas le montrer pour que ses proches gardent confiance. Enfin le 8 Février il quitte Malestroit pour rejoindre son affectation en Région parisienne.


Mardi 15 septembre 2020

80 ans après, nous empruntons le même chemin par des moyens plus rapides et rejoignons Malestroit et plus précisément le Château de la Morlaye à Missiriac.

La propriétaire actuelle, Madame Castillon nous y accueille et nous fait visiter sa demeure qu’elle a entièrement restaurée et continue d’entretenir avec soin. Le château de 1435, détruit, fut reconstruit au 18ème siècle par le dernier baron de Malestroit, Louis de Sérent, qui utilisa les pierres des remparts de Malestroit, ce qui provoqua un scandale. 

Pendant les 2 guerres mondiales le château a effectivement été réquisitionné par l’artillerie hippomobile, peut être en raison de la présence d’écuries à proximité.

Nous en profitons pour visiter Malestroit. Peut-être Clément a t-il partagé quelques chopines dans cet estaminet ?!