1796. Un mariage HYVERT PETARD fait se rencontrer les deux familles pour la première fois
Notre histoire se poursuit à St Julien de Concelles avec l’histoire de la Famille Pétard et de julien l’arrière arrière grand père de Gabrielle, Jean Marie et Clément.

Vers la pacification et le début de la reconstruction
L’année 1796, commence une pacification sérieuse. Avec la disparition de leurs chefs,[1] Joseph a vu peu à peu rentrer chez eux tous les survivants de la tempête. Il y a désormais un immense désir de paix même si, chez beaucoup, le fusil reste à la portée de la main.
De retour dans leur village la plupart des hommes engagés à côté des « vendéens » ne retrouvent plus leurs parents, épouse ou enfants disparus. Après un moment de désespoir, ils sont bien contraints de se mettre au travail, car il faut bien survivre.
Les plaies de la révolution sont encore ouvertes mais durant cette période d’accalmie, des couples se forment et des mariages ont lieu ; c’est le cas de René, l’ainé de la famille HYVERT, de la Chapelle Basse-Mer, avec Marie Jeanne PETARD de St Julien. C’est à l’occasion de la préparation de celui-ci que la famille HYVERT rencontre Julien PETARD l’ancêtre de notre branche PETARD.

Mariage de René HIVERT et Marie Jeanne PETARD
Le mariage de Marie Jeanne Pétard et René HIVERT se déroule le 7 février 1796 et est célébré par le curé clandestin de la commune de la Chapelle Basse-Mer, le recteur ROBIN.

Jules Constantin, le père de Marie Jeanne est décédé à 33 ans en 1788 et c’est Julien son frère qui devient le référent de cette famille dont le berceau familial est situé à la Sénéchalière à St Julien de Concelles.
Le père de Julien, Gabriel a épousé Jeanne Rousseau, fille de Jacques, laboureur et commerçant « honnête homme », statut qui a permis au couple de s’installer comme laboureur à la métairie de la Sénéchalière.
Les frères et sœurs de Julien PETARD
- Gabriel PETARD 1746-1747
- Jeanne PETARD 1748-1796
- Julienne PETARD 1749-1811
- Julien PETARD 1753-1825
- Pierre PETARD 1753-1753
- Jules Constantin PETARD 1755-1788 père de Marie Jeanne PETARD, mariée à René HYVERT, fils ainée de Joseph HYVERT et Marie BAGRIN
- René PETARD 1757
- Gabriel PETARD 1759-1796
En fait, ce n’est pas la première fois que Joseph rencontre la famille PÉTARD. En effet en mars 1791 Joseph a été sollicité par la famille Sécher pour aider à expertiser, avec le notaire Jean Baptiste Phélippes, les biens de Marie Sécher et de son feu mari Julien Constantin mort un an plus tôt, dans leur demeure, au village du Plessis-Glain à St Julien.
Le patrimoine non négligeable du couple estimé à plus de 2553 livres a t’il incité Joseph à demander à son fils ainé René de fréquenter assidument leur fille Marie Jeanne ?

Début des rencontres entre Joseph HYVERT et Julien PETARD
En cette année 1796, les hommes se rencontrent régulièrement à l’occasion de fêtes religieuses. Joseph HYVERT est impressionné par Julien PETARD, âgé alors de 45 ans ce laboureur à la métairie de La Sénéchalière, à St Julien, cet homme de 17 ans son cadet marié à Françoise PEIGNE. Le couple vient d’avoir un 6ème enfant. Le 2 juillet à plus de 40 ans, Françoise, la femme de Julien vient d’accoucher de son dernier enfant, Jean[2], baptisé dès le lendemain par René LEMESLE prêtre à la Sénéchalière en présence de ses parrain et marraine Joseph et Françoise PETARD frère et sœur de l’enfant.

Les enfants de Julien PETARD et Françoise PEIGNE
- Julien PETARD 1779-1849, Marié le 30 septembre 1812 (mercredi), Saint-Julien-de-Concelles, 44169, Loire Atlantique, Pays de la Loire, France, avec Julienne PETARD 1795-1855
- Jules Constantin PETARD 1782
- Joseph PETARD 1784-1875 Né le 7 décembre 1784, Saint-Julien-de-Concelles, marié en 1809 à Perrine Françoise DUGUY) Nantes, décédé le 7 juin 1875, à l’âge de 90 ans, propriétaire, boulanger
- Françoise PETARD 1788-1858 Mariée le 8 septembre 1812 (mardi), Saint-Julien-de-Concelles, 44169, Loire Atlantique, Pays de la Loire, France, avec Thomas BAGRIN
- Gabriel PETARD 1791-1813, décédé à 21 ans
- Jean Marie PETARD 1796-1865, Marié le 14 juillet 1819 (mercredi), Saint-Julien-de-Concelles, 44169, Loire Atlantique, Pays de la Loire, France, avec Jeanne BOUYER
Lors de ses échanges avec Joseph, Julien se félicite de la paix revenue. Il apprécie l’abbé Lemesle qui à plusieurs reprises s’est interposé pour empêcher le massacre de prisonniers républicains par les royalistes de Saint-Julien. De même il approuve les orientations politiques[3] pour ramener la paix et la sérénité dans le canton et salue la nomination dans chaque commune d’un garde champêtre pour veiIIer à l’ordre public d’autant qu’il apprécie Louis Hyvert le cordonnier du bourg de Saint-Julien, promu pour cette mission.
Joseph se dit plus circonspect car il fait peu confiance aux hommes de cette commission cantonale pour ramener la paix, en particulier son lointain cousin, Jean Hivert, laboureur à la Guillonnière et employé de mairie de La Chapelle, signataire de cette information.


Communication de RAULT (commissaire du directoire exécutif du canton du Loroux).
Joseph aime écouter Julien qui lui raconte par le menu sa vie. Julien évoque avec lui la famille de ses propriétaires des Châtellenies du Gué-au-Voyer et de la Séneschalière, sur lequelles, avec de nombreux fermiers et métayers comme lui, ils exploitent terres et vignes.
Julien Pétard et le sieur du Gué-au-Voyer et de la Séneschalière,
1ère partie de 1769 à 1778
Une personnalité importante que ce nouveau seigneur du Gué au Voyer et de la Sénéchalière car Nicolas-Jean Damiens de Chandenier, était, de plus, écuyer, conseiller et secrétaire du roi.
En novembre 1769, Julien a vu arriver au « Château » les nouveaux propriétaires, Nicolas-Jean Damiens de Chandenier et sa femme Antoinette Rouxeau des Fontenelles et leurs 4 jeunes enfants, Jeanne Marie, Marie Magdeleine Antoinette, Marie Victoire, Louis Jean-Baptiste Nicolas. Leur père Gabriel venait de mourir trois ans plus tôt.
Très vite ils ont tenu à rénover l’ensemble du château un peu délabré car les anciens propriétaires René d’Arquistade et Françoise des Cazeaux, seigneur et dame de la Maillardière « en Vertou » avaient de nombreuses dettes.
Au début, Sieur Nicolas et dame Antoinette étaient quelque peu hautains mais en tant que membre référent de la paroisse, Julien a échangé parfois avec eux. Il a appris que les nouveaux seigneurs de St Julien étaient tous deux nés au-delà des mers dans une lointaine contrée appelée St Domingue et que leurs parents armateurs de La Rochelle[4] et de Nantes s’y étaient installés. Là- bas ils ont fait « prospérer une plantation de canne à sucre et une sucrerie avec un grand nombre de travailleurs noirs, plus de 200[5] » disaient-ils, mais les conditions de vie difficiles les ont fait rentrer en France, à Niel sur Mer qui a vu naitre leurs quatre premiers enfants.


Nicolas-Jean-Damiens de Chandenier est né à Croix des bouquets et Antoinette Marie ROUXEAU de FONTENELLE à Léogane.
Pour preuve de son attachement à sa terre natale, lors de la naissance de sa dernière Aimée Françoise en décembre 1774, Nicolas-Jean Damiens de Chandenier a souhaité que son parrain absent à la cérémonie soit le Messire Jacques François MALLET de VOLUMBRUN, fils du notaire royal et procureur du roi à Port au Prince.

Aimée Françoise est née au château de la Meslerie car le seigneur du Gué au Voyer et de la Sénéchalière en fait l’acquisition, le château du Gué au Voyer étant en cours de rénovation.
Même à la veille de la révolution le seigneur du Gué au Voyer était le seul gouverneur effectif de la paroisse. Il avait toutes les attributions qui se rattachent au pouvoir suprême. Il rendait la justice, faisait des levées d’hommes, recevait des secours pécuniaires pour le bien commun, imposait des corvées ou prestations pour la confection et l’entretien des chemins, exerçait la surveillance policière… assurait la défense de ses vassaux et des habitants du lieu. A l’église paroissiale, il jouissait de tous les honneurs que la religion a concédés de tout temps aux représentants de l’autorité civile ; on le recevait processionnellement à la porte principale; on le conduisait à son banc placé dans l’enceinte du cœur et on le recommandait publiquement aux prières des fidèles…[6]
Julien le qualifiait « de riche mais généreux, ce nouveau seigneur était apprécié de la population ». Il entreprit de reconstruire le château qui s’élevait sur deux étages et ses mansardes au-dessus de caves voutées[7].

Le sieur de Chandenier n’eut pas le temps de voir s’édifier son château, il meurt à Nantes le 2 juin 1776 à seulement 43 ans.

Ce fut un évènement marquant à St Julien. Son procureur fiscal, messire Antoine-Marie Tiger, vint en prévenir le Général sous le chapiteau de l’église. « Dans le peu de temps que nous l’avons possédé, écrit-il dans son rapport, messire de Chandenier, seigneur de cette paroisse, a manifesté, toutes les fois que l’occasion s’en est offerte, sa bonté d’âme, son amour pour ses vassaux et le bien de la paix. Toujours attentif envers les pauvres, il les a secourus dans leurs besoins et il a protégé les orphelins. Nous devons cet hommage à la vérité ; les preuves en sont constantes. Appelé à l’instant fatal où il a été privé de jour, il a continué ses bienfaits envers les pauvres. La reconnaissance de ses générosités doit être éternelle. Ses volontés sont déposées aux mains de sa dame, aussi jalouse que lui de coopérer à leur bien-être. Je suis chargé de vous faire part de leurs intentions. Daignez les écouter … »[8]. Il légua en mourant, 5000 livres, pour aider à soulager les pauvres et à construire une école de petites filles.
Mais l’autre évènement marquant à St Julien fut le faste du mariage de la seconde fille Damien de Chandenier, Marie Magdeleine âgée de 19 ans avec Louis-joseph DE VAY le 13 juillet 1778.


Lors de ce mariage, c’est sans doute la première fois que l’église de St Julien contenait autant de sang bleu.

Julien raconta cette noce qui se déroula dans le château du gué au Voyer. Tous les fermiers et métayers étaient conviés à faire le service. Julien étant avec ses frères désignés comme tireurs à boire alors que les femmes servaient les nombreux plats de la noce dans une débauche de vaisselles aux armes de la famille ROUXEAU de FONTENELLE, veuve du Seigneur.



Porcelaine de Chine, dite de la Compagnie des Indes appartenant à la famille ROUXEAU DE FONTENELLE avec les armes de la famille
Outre la famille Damiens de Chandenier, parmi les nombreux nobles invités, Julien reconnut les proches du « feu » seigneur qui gérait les affaires communales. Les « fonctionnaires » du « feu » baron de Chandenier étaient tous là.
En bonne place, il aperçu son procureur fiscal Antoine-Marie Tiger. Celui-ci était un homme d’importance car outre le fait qu’il percevait les impôts, il remplaçait le seigneur aux délibérations du « général ». De plus il cumulait cette dernière mission avec celle de Sénéchal en rendant la justice en tant juge civil et criminel du marquisat de Goulaine et de l’Epine-Gaudin[9].
Il aperçut également le voyer du Seigneur qui veillait à l’entretien des chemins et demandait pour cela les corvées nécessaires et son notaire Jean Baptiste Phélippes qui enregistrait les ventes, les contrats de mariage, les testaments et les règlements de succession….
Le repas donné dans la cours du château était fastueux. Outre de nombreux hors-d’œuvre et entrées, la cour du château étaient pleine, pour les plats de rots, de viandes en broche, agneaux, poules et cochons. Mais Julien a été encore plus impressionné par les desserts. A côté de nombreux fromages glacés, biscuits, compotes et macarons… il y avait des fruits que Julien voyait pour la première fois, d’étranges fruits dans de grandes jattes à coté de grandes assiettes de sucre. « Des oranges et des ananas de nos colonies par delà la mer » lui a dit un des invités de la noce.
[1] Charette sera pris et fusiIIé à Nantes le 29 mars 1796 ; Stofflet, arrêté lui aussi, sera exécuté à Angers.
[2] Jean est l’arrière grand père commun de Gabrielle et Jean Marie Pétard et Clément Hivert, nos grands-parents.
[3] . « Du côté gouvernemental un effort est fait: les municipalités et les districts mal vus sont supprimés pour faire place à la commission cantonale et au département. Le régime civil succède au régime militaire ». G. VIVANT St Julien de Concelles et son passé p91
[4] D’après l’historien Jean-Michel Deveau, auteur de La Traite Rochelaise, « près de 427 navires négriers rochelais auraient pris le large, chargés d’environ 130 000 esclaves à destination des colonies de l’Amérique et principalement de Saint-Domingue, en raison de la qualité du sucre qui résistait mieux au transport maritime ».
[5] À la veille de l’insurrection des esclaves, en août 1791, Saint-Domingue est la colonie la plus riche que la France ait jamais connue. Elle fournit les trois quarts de la production mondiale de sucre. Tout doit être fait pour maintenir cette suprématie. Rien n’est laissé au hasard et surtout pas les achats d’esclaves qui représentent plus du tiers du capital investi. En tant que port le plus important de la colonie, le Cap-français bénéficie des meilleures cargaisons. Il y a, à la veille de la Révolution, cinq à six cent mille esclaves à Saint-Domingue. Le Nord compte les habitations – ou plantations – sucrières parmi les plus peuplées. La sucrerie est la structure la plus lourde et la plus complexe des habitations. Elle a en moyenne 200 esclaves.https://www.cairn.info/revue-dix-huitieme-siecle-2011-1-page-349.htm#
[6] St Julien de Concelles, Histoire d’une commune bretonne, RP Pétard p122 123
[7] C’est dans les caves voutées du château qu’un siècle plus tard Pierre Hivert, grand oncle de Clément viendra y affiner le fromage du Curé, histoire à venir
[8] St Julien de Concelles, Histoire d’une commune bretonne, RP Pétard p143
[9] En tant qu’officier seigneurial, c’est lui qui présidera du 31 mars au 5 avril 1789 les assemblées paroissiales chargées d’élaborer les cahiers de doléances des trois plus grosses paroisses (Le Loroux-Bottereau, Saint-Julien-de-Concelles et La Chapelle-Basse-Mer) pour ce qui deviendra le futur canton lorousain.
Aujourd’hui
Sur les traces de Julien Pétard à St Julien de Concelles…

