1926
Ce 22 août, c’est l’heure de la photo à la Haute-Maillardière au Loroux-Bottereau à l’occasion du mariage d’Henriette GARNIER et de Pierre HIVERT. Les parents des mariés ont tenu à immortaliser cette journée et ont fait ici appel à un photographe professionnel, Gustave PÉTARD de Saint-Julien-de-Concelles.
Gustave a transporté son estrade la veille sur sa charrette à cheval jusqu’au village de la route de Barbechat en haut du Loroux-Bottereau.
Après avoir installé familles et invités sur « les gradins », Gustave demande à tous de faire la pause pendant quelques secondes. « Si vous bougez, vos visages seront flous » annonce t-il à la volée cachant son visage et l’appareil photo sous un foulard opaque. Réclamant le silence, Gabriel lève le bras à cinq reprises au fil des clichés qu’il prend afin que chacun fixe l’appareil…
Pendant ces courts instants Pierre Hivert, même s’il a le regard grave et figé à la demande du photographe, au fond de lui est heureux. À 32 ans ce jour-là, il hésitait ces dernières années à se marier. Pourquoi fonder une famille si on se sent sursitaire ?, disait il à ses parents quelques années plus tôt, lui qui a déjà reçu l’extrême onction en avril 1915… Réformé en 1914, il a tout de même été engagé pendant quelque temps au 137ème régiment d’infanterie pour être libéré 6 mois plus tard et rentrer au Port Egaud.
Sa rencontre avec Henriette quelques mois plus tôt en janvier 1926 l’a fait changer d’avis.
Henriette, fille de Francis GARNIER et de Marie REDUREAU de la Haute-Maillardière au Loroux-Bottereau, est née le 22 août 1893. Elle est la cadette d’une famille de 5 enfants, quatre filles et un fils. Francis, son frère est lui aussi mort à la guerre en 1915, à 20 ans. La Haute-Maillardière, ce n’est pas tout près du Port-Egaud. A 4km. Il faut une heure à pied, et ça grimpe, même par les raccourcis, en passant par la Cour du chêne, remontant le Haut-clos pour longer la Basouinière, rejoindre les Cantreaux, puis le Maillon et aboutir enfin au village d’où on domine toute la vallée à plus de 60 m. En charrette, c’est plus rapide mais il faut remonter par le Bourg du Loroux avant de prendre le chemin en direction de Barbechat.
Pour les Garnier, se faire photographier devant la maison de la famille est une tradition. Deux ans avant, c’est elle, Henriette, qui était juste derrière sa sœur Donatienne lors de son mariage le 24 juin 1924, avec Joseph PAILLUSSEAU, un des gendres qui restera ensuite travailler quelque temps à la Maillardière, pour aller s’établir ensuite au village voisin du Pavillon.
Le jour du mariage, ce dimanche 22 août, c’est aussi le lendemain de l’anniversaire d’ Henriette qui a 33 ans. De bon matin, les voisins se sont chargés de réveiller la mariée en tirant plusieurs salves près de la maison familiale.
À dix heures tapantes, familles et amis ont pris rendez-vous à la mairie du Loroux. Les mariés, après avoir échangé leur consentement ont signé le registre municipal avec les deux témoins: Clément, le frère de Pierre et Joseph BOUCHEREAU, l’autre beau-frère d’Henriette.
Après la cérémonie religieuse, l’ensemble des invités rentrent donc par la route de Barbechat à la Haute-Maillardière, pour la traditionnelle photographie collective.
Comme le veut la coutume, Henriette la mariée se situe à gauche du marié. Marie et Auguste Hivert sont assis à la droite de leur fils. Clément, le frère de Pierre s’est placé juste au dessus de lui, car il est l’un des deux témoins du couple.
Outre les parents assis près d’Henriette on retrouve, à droite sur la photo, ses trois sœurs, d’Henriette toutes mariés, en 1922 pour Marie et Yvonne et en 1924 pour Donatienne. A cette occasion, sont aussi réunis les cousins HIVERT BIRY du château.

Les hommes portent des rubans, les jeunes garçons sont en costume marin. Pierre et Clément arborent à la boutonnière une fleur d’oranger artificielle, et Henriette, sur sa robe, un petit bouquet qui sera ensuite conservé dans la maison du Port-Egaud sous un globe de verre.
On remarque des casquettes et les femmes âgées portent des coiffes traditionnelle dites « câline », les barbes sont rares, les moustaches répandues. Pierre tient dans ses mains des gants blancs. Au même titre que le bouquet pour la mariée, le marié pourra lors du banquet envoyer ses gants à ses amis encore célibataires. La tradition veut que celui qui l’attrape soit désigné pour être le prochain à se marier.
On est au mois d’août et la grange de la Maillardière a été vidée et décorée pour la circonstance. Le boucher réquisitionné a la lourde charge d’organiser le festin, de le préparer sur place dans de grands chaudrons installés en plein air. Les « tireurs à boire» ont pris leur service de bonne heure « au bout de la barrique « . Les plats se succèdent … entrée, poisson, viande puis l’inévitable trou normand avec un peu de gnôle de poire ou de prune. L’alcool aidant, on chante puis on danse au son du violon et de l’accordéon.
Le couple s’installe le soir même au Port-Egaud à Saint-Julien-de-Concelles. Deux jours après le mariage il faut mettre à nouveau les habits de mariage pour la photo des seuls mariés cette fois dans le studio de Gabriel Pétard au bourg.
La Haute-Maillardière aujourd’hui

On reconnait les fenêtres de la photo du mariage.
Il n’existe plus de témoins de cette époque. Le plus ancien du secteur, Joseph HYVERT de La Rigolerie, âgé de 95 ans, à qui on a montré les photos, dit que ce sont des têtes qu’il a connues, mais ne peut mettre de noms dessus. En l’absence du fils, mort à la guerre, l’exploitation viticole de la famille Garnier a été ensuite reprise par lui et par les voisins AUBRON. En se mariant, les filles ont quitté la Haute-Maillardière.
Il n’y a plus de descendants Garnier dans le village.
Bonjour Michel, J’espère que tout va bien. J’ ai lu et regardé avec attention le mariage de Pierre et d’Henriette. Il me semble l’avoir cette photo et en regardant de près, tout en haut en 3ème position on reconnait Marie Josèphe (la sœur de Julien.) toujours en haut en 5ème position Denise ma maman qui pose sa tête sur l épaule de Eugène(le frère de Rachelle, Clément Ménard, me semble t-il, serait le 4ème de la 3eme rangée. Pour l’instant c’est tout. Je t’embrasse Michel . Merci encore pour tout le boulot que tu fais.
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Jean Guillet, gendre de Gustave Pétard photographe qui a immortalisé bien des visages de toute la région. Vous vous interrogez, m’a-t-on dit, sur les liens entre les Pétard. A ma connaissance aucun. Par contre la mère de Gustave, Adèle THOMAS avait un frère à la Guilbaudière, JEAN . Y-a-t-il autre lien que voisinage ? A votre disposition.
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