La disparition de Jean-Marie PÉTARD et l’ascension politique de son ami Julien LAINÉ

1908.

Depuis deux semaines, Jean-Marie ne sort plus de la chambre parentale. Sa maladie chronique l’empêche de respirer. Gabrielle et Jean-Marie, âgés respectivement de 13 et 10 ans voient leur mère en larmes tous les jours.

Aux premières lueurs du jour, le dimanche 22 mars 1908, les enfants craignent le pire en voyant arriver le notaire Léon Gaston entouré de deux amis de leur père, l’abbé Emile ROBERT et Hippolyte THURY, sabotier au bourg, membre du conseil paroissial comme Jean-Marie, son compagnon de l’harmonie musicale.

Leur mère Gabrielle tente de les rassurer en leur disant : « votre père souhaite me faire une donation de ses biens en cas de malheur et ses amis sont les témoins de cet acte notarial ».

Acte de donation entre vifs de J.M. Pétard à sa femme, acte du 22 mars 1908, Étude de Léon Gaston StJdC

En se réveillant le matin du mardi 24 mars les enfants voit leur mère Gabrielle prostrée près de l’âtre en compagnie de Marie-Célestine, la femme d’Alexandre PÉTARD : « votre papa est mort cette nuit, venez avec moi lui dire au revoir, Alexandre et Antoine sont restés auprès de lui ! ». Jean THOMAS, Jean Baptiste MAINGUET, les voisins alertés du décès dans la nuit  sont partis en faire la déclaration en mairie.

Pour soulager sa mère désemparée,  Gabrielle est chargée d’écrire aux amis lointains et de faire les démarches de faire-part pour la cérémonie religieuse qui doit se tenir le vendredi.

Faire-part de décès du quotidien La Croix du 26 mars 1908, journal auquel Jean Marie est abonné 

Gabrielle écrit ainsi à plusieurs amis ce 24 mars :« Papa est parti cette nuit nous laissant inconsolables… ».

Le 26 mars arrivent plusieurs lettres dont celle de Julien LAINÉ : « La triste nouvelle nous est arrivée hier matin et nous avons pleuré avec vous. La dernière lettre de ce pauvre ami ne nous laissait guère d’espoir mais je voulais pourtant croire encore que nous pourrions le revoir aux beaux jours.  C’était un homme qui savait se faire estimer de tous et tous l’estimaient, je puis en répondre !

Nous nous sommes sincèrement aimés dès la première heure de notre rencontre quelles que puissent être les différences de nos esprits et nous n’avions cessé de nous aimer depuis…

Chère Madame, remerciez Gabrielle de sa lettre  et dites bien à vos enfants que leur père leur laisse le meilleur de tous les héritages moraux: une vie d’homme loyal et bon »

L’ami Édouard BEILLEVAIRE désormais curé de Mésanger envoie lui aussi un message à la famille le même jour en s’excusant de ne pourvoir assister à la cérémonie du lendemain : « C’était un ami sensible d’une extrême délicatesse. C’était un mari et un père de famille parfait, doué d’une intelligence extraordinaire pour un homme de la campagne. Il savait apprécier les hommes et les choses à leur juste valeur.  Mais en plus de cela c’était un parfait chrétien ! ».

Suite à la disparition de Jean-Marie, Gabrielle se dit incapable de gérer l’exploitation seule ! Alors le commis Félix GODEFROY qui avait suppléé Jean Marie durant sa maladie choisit de rester une année de plus le temps que Jean-Marie le fils de la maison finisse ses études. Pour les gros travaux, il est décidé qu’Alexandre PÉTARD et son beau-frère Auguste HIVERT  aidé de ses deux fils Auguste et Pierre donneraient les coups de main nécessaires pour les gros travaux.

Cependant pour les enfants mineurs, il a fallu organiser un conseil de famille.  Le 4 mai, Jean KREMETER le juge de paix du Loroux-Bottereau a convoqué les personnes choisies. Outre Gabrielle étaient réunis pour l’occasion, côté BRETONNIÈRE, ses frères, Auguste  de la Bonnaudière à Haute Goulaine et  Pierre l’aumônier de St Gildas des bois, ainsi que son beau-frère Louis DAVID de la Chapelle-Basse-Mer.

Pour la branche paternelle étaient présents le vieil oncle  de la Guilbaudière Antoine PÉTARD et son fils Alexandre PÉTARD. Gabrielle a souhaité que l’ami de la famille et membre du conseil paroissial, Pierre PARIS du village de la Bassetterie, marié à une cousine PÉTARD, puisse également en faire partie.

C’est Alexandre PÉTARD, cousin et voisin de la Guilbaudière qui est choisi comme tuteur des mineurs par le conseil de famille. Il sera donc à côté de Gabrielle pour faire, avec le notaire Léon Gaston, le 13 mai 1908, l’inventaire des biens immeubles et animaux et finir de payer les dernières factures à Léon THOMAS le maçon et Louis HALLEY le forgeron pour la rénovation de la maison débutée l’an dernier.

Le temps de réunir l’ensemble des pièces, d’analyser les titres et autres papiers, l’inventaire des terres   s’effectuera seulement le 15 septembre de la même année.

Entre temps, début juin  Jean Marie tient à son tour à envoyer un message à l’ami intime de son père : « j’ai du mal à dire que mon papa n’est plus de ce monde, son absence me rend triste » écrit-il.

Le 12 juin Julien LAINÉ lui répond : « Souvenez-vous des exemples reçus de votre père, mon ami très cher… Restez toujours droit et loyal, bon pour tous. La bonté et la droiture du cœur sont encore ce qu’il peut y avoir de meilleur et de plus en plus en nous. A mon tour après avoir donné des conseils je vous fais une promesse je veux continuer à vous voir et à vous voir grandir… »

La dernière visite à la Guilbaudière s’est réalisée à l’été 1908… puis la famille n’a plus eu de contact avec lui, même si à travers la  presse Jean-Marie a suivi son ascension politique locale puis nationale.


La carrière politique de Julien LAINÉ

Julien LAINÉ en 1924

Pendant plus de vingt ans secrétaire de l’Université populaire du Mans, Julien LAINÉ sera également président de la fédération sarthoise de la Ligue des droits de l’homme, conseiller général en 1919 et conseiller municipal du Mans en 1922.

Les élus du Conseil général de la Sarthe, Rapport et délibération CG72 en 1927, J. Lainé vice-président du CG72 Comoedia du 27 septembre 1927

En 1924, il est élu député de la Sarthe, sur la liste du Cartel des gauches, au scrutin de liste avec représentation proportionnelle. Avec 50.908 voix, il bat, dès le premier tour, M. de Rougé qui n’en recueille que 39.036. Il siège sur les bancs du groupe républicain et socialiste français. Durant son mandat, Julien Laine fut vice-président de la commission d’hygiène et membre de la commission de l’enseignement et des Beaux-arts. Il s’intéressa vivement aux questions d’hygiène sociale, d’assistance et d’instruction, notamment d’instruction technique et d’éducation politique.

Ouest-Éclair du 12 mai 1924 et Intervention de Julien LAINÉ à l’Assemblée Nationale – La Lanterne 2 nov. 1925

Julien LAINÉ ne se représenta pas aux élections de 1928 abandonnant peu à peu sa carrière politique.

Sous l’influence de son gendre, Félix GENESLAY, son compagnon au Parti républicain socialiste, il adhéra au Parti socialiste en 1930 et soutint l’action de son gendre, maire du Mans de 1932 à 1936.

Le temps du 6 décembre 1931

Ce dernier décède à 40 ans. Au Mans une rue porte son nom.

Julien LAINÉ décède le 18 octobre 1944 à Paris à l’âge de 82 ans.

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