1802.
Marie fille de Jean RINEAU et de Jeanne SECHER demeurant au Chêne à Saint Julien a juste 13 ans quand elle rencontre Noël Hivert en 1802 pour la première fois, à l’occasion du baptême, de Françoise, la deuxième fille de son frère aine René Hivert.

René habite au Plessis-Glain à Saint Julien et est marié depuis 6 ans avec Marie Jeanne Pétard, fille de Jules Constantin, décédé il y a 4 ans. Julien Pétard est devenu alors son tuteur. Marie Rineau est la nièce de Marie Sécher, la sœur de sa mère Jeanne.

Il faut vite la faire baptiser vite le jour même car déjà trois filles du couple sont déjà sont mortes à la naissance, deux Jeanne et une Marie.

1805. Marie revoit parfois Noël HIVERT au Plessis-Glain chez son frère chez qui il vient donner quelques coups de main durant la saison d’été. En 1805, elle n’a que 15 ans quand Noël lui déclare sa flamme.
Elle a pu lui raconter à « Nouel » en patois local sa vie antérieure marquée par la mort de ses proches…. Née en aout 1789 avec la révolution et aînée de la famille elle a vu son père Jean RINEAU disparaître quand elle avait 4 ans, peu après la naissance de son frère lui aussi prénommé Jean.

Remariée à Joseph CORALLEAU en avril 1795, sa mère Jeanne SÉCHER décède 5 ans après laissant ainsi Marie et Jean ses enfants, orphelins.

La famille RINEAU fait-elle vraiment confiance à CORALLEAU pour gérer la succession ? Toujours est-il qu’elle fait poser les scellés… sur le 1/4 d’une chambre de la maison achetée un an plus tôt au Chêne par le couple, le 12 juin 1799.

En effet Julien RINEAU, l’oncle et tuteur légal de ses neveux, sollicite dès le lendemain le 6 août, Jean-René Vivant, dit le Jeune, juge de paix « des alentours » du Loroux-Bottereau, qui rapporte son intervention dans une minute rédigée en cet effet.
« Nous nous sommes de compagnie du citoyen Étienne Dringot, notre secrétaire greffier, transporté jusqu’au village du Chêne sur la dite commune de Saint-Julien en la demeure du Joseph Coralleau, veuf de la dite feu Jeanne Sécher sa femme à effet d’apposer nos scellés et faire une brève description des meubles, effets et bestiaux dépendant de leur communauté pour la conservation des intérêts des mineurs des dits feux Rineau et Sécher…
Dans la demeure du dit Coralleau, nous avons vu sur un lit le corps de la vie Jeanne Sécher sa femme, décédée la veille, et lui parlant à Marie David fille de confiance du dit Coralleau à qui nous avons fait part du sujet de notre transport…
Elle nous a dit qu’elle n’a rien détourné ni vu détourné aucun effet de la communauté dont nous avons procédé à l’opposition de nos scellés comme suit en présence de la dite David.
Premièrement ayant apposé notre cachet sur les deux bouts et extrémités d’une bande de papier nous l’avons appliqué sur la fermeture d’un buffet après l’avoir fermé avec la clé qui a été présenté à Marie David et la dite clé est demeurée aux mains de notre secrétaire greffier.
Et deuxièmement nous avons décrit les effets et bestiaux mise en évidence comme suit : un coffre, une maie à boulanger, un buffet avec son vaisselier, deux tables, deux lits garnis d’une couette et couvertures, deux chaudrons de cuivre, deux marmites, un marchepieds et deux vaches… »
Une semaine après a eu lieu, avec les mêmes acteurs, la levée des scellés « trouvées sains et entiers » comme le précise la minute du 26 thermidor de l’an 8.

1806. Au printemps de 1806, Marie RINEAU ne supporte plus de vivre sous la coupe de son beau-père Joseph Coralleau, alors elle décide de se marier avec Noël. A 16 ans et demi, même si son tuteur légal, son oncle Julien Rineau, lui donne son consentement, il lui faut un accord des autorités administratives départementales

Joseph HYVERT est décédé depuis 3 ans. Joseph, le deuxième de ses fils est marié depuis 2 ans avec Louise AUBRON du Loroux, Noël s’apprête à convoler en justes noces. Alors Marie BAGRIN, leur mère et femme de Joseph, décide en avril 1806 de diviser les biens et de vendre les 2/3 du patrimoine aux deux garçons ayant décidé de rester sur la métairie de la Sangle, à savoir Joseph et Noël.
Devant Jean René Vivant, dit Le Jeune, notaire impérial public de la Chapelle Basse-Mer, Marie réunit donc à la Sangle le 18 avril 1806 l’ensemble de ses enfants majeurs. Il y a là outre Noël et Joseph René, métairie du Plessis, François et Marie, non encore mariés à cette date.
Sont ainsi répertoriés : « 2 charrettes avec leur dépendances, les charrues et leurs équipages et trois paires de maillets, huit bœufs de différents âges, quatre vaches, sept jeunes taureaux et taures, quinze moutons, de la paille, du foin et des semences… le tout prisé deux mille cent soixante seize francs… Joseph et Nouel promettent et s’obligent chacun à respecter de s’acquitter neuf cent quatre vingt douze francs aux mains de la dite veuve Hyvert, vendresse.. »

Marie et Noël se marient le 5 juin 1806, Napoléon, empereur des Français, ayant rétabli des cette année là le calendrier chrétien.

L’an 1806, le 5 juin, par devant nous, Pierre, Marie PHELIPPES, adjoint et officier de l’état-civil de la commune de Saint-Julien de Concelles, département de la Loire Inférieure, canton du Loroux-Bottereau, sont comparus Noël HIVERT, laboureur, âgé de 28 ans, né de la commune de la Chapelle Basse mer en ce département le 25 décembre 1777, domicilié de la dite commune, majeur, fils de feu Joseph HIVERT, décédé à la Chapelle Basse mer le 18 ventôse an 11, ainsi qu’il est constaté par l’acte de décès délivré même commune de 26 thermidor an 11, signé VALIN, maire et de Marie BAGRIN, présente et consentante, domiciliée aussi de la dite commune ; et Marie RINEAU, âgée de 16 ans, née en cette commune le 6 août 1689, domiciliée de cette commune, mineure, fille des feus Paul RINEAU et Jeanne SECHER, décédés en cette commune ainsi qu’il est constaté par actes de décès par nous délivrés le 10 mai dernier, autorisée de ses parents par acte de délibération, fait devant le juge de paix de ce canton en date du 5 mai dernier, enregistré au Loroux le 7 mai suivant, signé à l’expédition DRINGOT, greffier. Lesquels nous ont requis de procéder à la célébration du mariage projeté entre eux, et dont les publications ont été faites les dimanches 11 et 18 dernier, devant la principale porte de notre maison commune, et de celle de la Chapelle Basse mer, suivant le certificat de la mairie de la dite commune, délivré ce jour, signé BUJEAU, et affiché aux termes de la loi.
Aucune opposition au dit mariage ne nous ayant été signifiée, faisant droit à leur réquisition après avoir donné lecture de toutes les pièces ci-dessus mentionnées et du chapitre 6 du titre du code civil, intitulé du mariage, avons demandé au futur époux et à la future épouse s’ils veulent se prendre pour mari et pour femme. Chacun d’eux ayant répondu séparément et affirmativement, déclarons au nom de la loi que Noël HIVERT et Marie RINEAU sont unis par le mariage…
De quoi nous avons dressé acte en présence de Julien RINEAU, laboureur, âgé de 50 ans, demeurant aux Chênes, oncle paternel de l’épouse, de Pierre GILARDIN, sabotier, âgée de 38 ans, demeurant au bourg, oncle paternel de l’épouse, de René HIVERT, métayer, âgé de 37 ans, demeurant au Plessis-Glain, frère de l’époux, les trois de cette commune et de Jacques HIVERT, laboureur, âgé de 64 ans, demeurant à la Chauvelière, oncle paternel de l’époux. Lesquels, après qu’il leur en a été donné lecture, ont, avec les contractants déclaré ne savoir signer, hors RINEAU et GILARDIN, qui ont signé avec nous.
Le couple s’installe à la Sangle et avec Joseph, son frère, ils font prospérer l’exploitation toujours en métayage, située à proximité de la nouvelle commune de Barbechat.

Naissent à la Sangle à La Chapelle tour à tour Marie le 17 mars 1808, puis Jeanne en 1809 et Joseph en 1813…
