1935.
En ce mois de novembre 1935, Alexandre PÉTARD, le jeune cousin de Clément HIVERT, entre à nouveau dans la classe qu’il a quittée l’été dernier à la fin de son certificat d’études. Mais cette fois, s’il retrouve son ancien directeur Théophile BRETONNIÈRE et les bancs de l’école primaire publique, c’est pour les cours agricoles du soir.

Généalogie Pétard de la Guilbaudière
Alexandre est né en avril 1922 bien longtemps après ses deux sœurs aînées, Marie Julia et Léontine, qui ont respectivement 16 et 13 ans de plus que lui.
Une trentaine de jeunes de 14 à 18 ans se retrouvent donc de novembre à mars deux soirs par semaine. Si Théophile BRETONNIÈRE se montre exigeant sur la ponctualité et l’assiduité, les cours se déroulant de 7 heures à 9h30 le soir, en revanche il laisse place durant ses cours à des échanges avec les jeunes… contrairement aux années de primaire où régnait dans sa classe un silence absolu.
Ces cours sont nés à St Julien la même année qu’Alexandre en 1922. Sous l’impulsion de Théophile BRETONNIÈRE, ils furent même les tout premiers donnés dans le département.
Pour illustrer ces cours, des champs d’expérimentation furent même créés avec l’appui de la municipalité … pour que les jeunes, lors de quelques regroupements, puissent passer de la théorie à la pratique.
En cette année 1935, Théophile BRETONNIÈRE disposait déjà de pratiques observées sur le terrain. En effet quelques années plus tôt, il avait suivi une exploitation agricole « modèle » de la vallée. En visitant l’un de ses élèves, Eugène Berthelot alors âgé de 17 ans, le directeur avait été étonné par la qualité d’organisation du domaine agricole dit des Chaintres tenu par les parents du jeune BERTHELOT, Eugène son père et son épouse Joséphine PABOU.
Les nombreuses rencontres qui ont suivi ont permis à Théophile BRETONNIÈRE d’écrire une monographie sur cette exploitation de 5 ha dont la moitié en terres labourables et l’autre en prairies.
Au fil des mois celui-ci s’est penché tour à tour sur l’organisation de la conduite de l’exploitation, sur les techniques agronomiques, culturales, d’élevage, sur les activités de transformation réalisées à la ferme sans omettre l’analyse des résultats économiques de la ferme des Chaintres.
Cette monographie de 80 pages, rédigée avec une belle plume d’instituteur durant ses temps libres dans son manoir de la Crétinière, se présente comme un recueil de bonnes pratiques agricoles. Théophile BRETONNIÈRE souhaite en effet que les jeunes qui assistent à ces cours du soir prennent appui sur des exemples réussis de conduite d’exploitation dans leur environnement proche.
La monographie du domaine des Chaintres
Les Chaintres à St Julien se trouvent au milieu de la vallée, zone de plus de 1000 hectares de la commune de St Julien comme le décrit Théophile BRETONNIÈRE en introduction de sa monographie : « Dans la vallée de la Loire, le sol est formé uniquement par des alluvions de la Loire pendant la période où les eaux non retenues par les digues s’étalaient jusqu’à la ligne des coteaux. Elle est plus ou moins sablonneuse suivant la nature des limons qui se sont déposés. Mais sa profondeur est considérable et sa richesse est telle qu’elle se prête à la culture intensive sous toutes ses formes : céréales, plantes sarclées, plantes fourragères, chanvre, osier, légumes, en particulier le petit pois.
Dans toute la commune de Saint-Julien de Concelles la propriété est très morcelée, un grand nombre de parcelles n’ont que 5 à 6 ares de superficie et les exploitations agricoles ne comporte qu’une faible étendue 3 à 5 hectares.
Généralement les exploitants sont pour la plupart propriétaires et la main d’œuvre étrangère n’intervient que très rarement.C’est dans cette vallée que se trouve l’exploitation de Monsieur Berthelot-Pabou qui fait le sujet de l’étude qui suit. Par sa superficie la distribution des parcelles, les méthodes employées, les résultats obtenus, elle peut-être considérée comme l’exploitation-type de la vallée de Saint-Julien-de- Concelles et sous bien des rapports comme l’exploitation-type de la commune de Saint-Julien-de-Concelles. »
Dans le premier chapitre de l’étude, Th. BRETONNIÈRE passe tout d’abord en revue les spécificités du domaine, son état parcellaire…
… puis se penche sur le relevé climatique, la constitution du sol et son analyse, les améliorations foncières réalisées ainsi que le choix de la distribution des bâtiments.
Après une présentation de la famille, Th. BRETONNIÈRE étudie l’organisation générale de l’exploitation.


Plus loin après un point sur l’assolement pratiqué sur l’exploitation, il passe en revue l’ensemble des cultures…
Chaque culture est décrite puis analysée en termes d’axes d’amélioration, comme ici tomates et asperges.

Il en va de même pour la conduite de la production animale sur laquelle se penche ensuite Th BRETONNIÈRE. Il aborde ensuite ce qu’il appelle « les industries annexées à la ferme ».

A la fin de cette monographie, Th. BRETONNIÈRE n’omet pas de faire l’analyse des résultats économiques de l’exploitation des Chaintres.

Cette étude est en tout point remarquable de précision et d’analyse et constitue pour l’époque un véritable document de référence historique, dont ont pu bénéficier par ailleurs les jeunes en formation post scolaire de St Julien de Concelles.
Merci à Patrick CHEVREL, l’actuel propriétaire de la « Crétinière », pour la transmission de cette monographie.
Merci Michel, passionnante cette monographie qui devrait servir de base pour rediversifier et réorienter les productions agricoles d’aujourd’hui ! Y’a du boulot ________________________________
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Merci Jean-Marc pour tes remarques et ta lecture attentive du blog.
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